Le début

Au début c'est toujours la même chose, on fume par curiosité, parce que c'est interdit, par imitation, pour s'affirmer comme un adulte ou pour s'intégrer. Ça se comprend. (Toscanini a même inventé un autre motif − le temps − décryptable au feuillet : Citations illustres : Arturo Toscanini.)

Mais après pourquoi, en dépit du bon sens, continue-t-on de fumer ?

Les sondages

  D'après le Quid¹ sur 100 fumeurs, 41 fument par plaisir, 36 par habitude et sans plaisir, 22 par besoin physique et 1 ne sait pas trop.

  Mais d'après L'Express² les fumeurs interrogés répondent : fument par plaisir : 31 %, par habitude et sans plaisir : 39 %, par besoin physique : 27 %, ne se prononcent pas : 3 %.

  Le Comité national contre le tabagisme³, quant à lui, indique que fument : 10 % pour se stimuler, 10 % par amour du geste, 15 % pour se relaxer, 30 % par anxiété, 25 % par besoin absolu, 10 % par habitude acquise...

Les mauvaises excuses

L'incompatibilité des résultats de ces sondages, la multitude et la variété des réponses apportées par les fumeurs, et l'invraisemblance des réponses − qui ne peuvent expliquer pourquoi c'est si difficile d'arrêter de fumer, ni pourquoi les non-fumeurs n'éprouvent pas le besoin de fumer dans les mêmes circonstances − font que ces réponses ressemblent plus à de mauvaises excuses qu'à de vraies raisons de fumer.
(La question des mauvaises excuses est développée au chapitre : Comment arrêter de fumer : Les mauvaises excuses.)

La bonne réponse

Selon nous, si l'on faisait un sondage pour savoir pourquoi les gens mangent, on obtiendrait quelque chose comme : 10 % mangent par habitude, 10 % mangent par besoin physique, 10 % pour le plaisir de manger, 10 % parce qu'ils sont nerveux, 10 % pour apporter les protéines nécessaires à leur corps, 10 % etc.

Mais au juste pourquoi mange-t-on ? Tout simplement parce que l'on a faim ! Boit-on parce qu'il faut hydrater l'organisme ? Absolument pas ! On boit parce que l'on a envie de boire, parce qu'on a soif !

De même, la raison toute simple pour laquelle on fume est : parce qu'on en a envie. Et comme toute envie que l'on soulage (boire, manger, dormir, uriner, déféquer, bouger, aimer, etc.) fumer apporte plaisir et satisfaction.

(D'où le différent entre fumeurs et non-fumeurs formulé spontanément par un docteur qui ne fut pas médecin, au feuillet : Citations illustres : Dr Samuel Johnson.)

La vraie question devient : pourquoi les fumeurs ont-ils cette envie de fumer, proche des besoins physiques, que n'ont pas les non-fumeurs ?

La vraie raison

À vrai dire, par cette envie, par ce besoin de perpétuer indéfiniment une habitude acquise pourtant nuisible à la santé, la dépendance vis-à-vis des cigarettes ressemble fort à la toxicomanie des drogues...

(C'est ce que met en lumière le premier dessin de la section images de Tobacostop à la page : Images tabagiques : La seringue.)

La drogue ! Le mot est dit, et il n'y a pourtant pas d'autre explication logique... Tout autre explication n'est qu'illusion (c'est le terme employé par Ralph Waldo Emerson pour ce qu'il nomme "la première illusion du tabac", au feuillet : Citations illustres : Ralph Waldo Emerson.)

Le tabac crée en fait chez le fumeur un besoin nouveau, un besoin artificiel.

(Cette notion est développée à l'article : Dangers du tabac : Les composants chimiques de la fumée de cigarette : La nicotine.)

Cependant chez le toxicomane le désir dépasse totalement l'individu : il lui semble qu'il y va de sa vie, il lui faut augmenter les doses et il est prêt à obtenir sa drogue à n'importe quel prix.

Tandis que le désir de fumer, s'il est très fort, n'est jamais une obligation absolue. Le fumeur sait s'en passer en maintes occasions (pendant le sommeil, en zones non-fumeur, pendant la grossesse, etc.) et des milliers de fumeurs ont su − par eux-même − arrêter définitivement de fumer : « Les recherches montrent qu'entre les deux tiers et les trois quarts des ex-fumeurs arrêtent par eux-même⁴ ».

(À souligner à ce propos, la polémique soulevée par Mathieu, lecteur de Tobacostop, au sujet de savoir si le tabac est une drogue "douce" ou "dure". Réponse en entrefilet au cahier : Témoignages et commentaires de nos lecteurs : Mathieu.)

Espoir

Le fumeur n'est donc pas un grand drogué.

D'ailleurs « la plupart de ceux qui ont cessé de fumer affirment qu'ils ont connu moins de difficultés qu'ils ne redoutaient... et regrettent d'avoir attendu si longtemps pour se décider⁵ ».