04-I
Le stress
« Il existe un lien direct entre le stress, les conditions de travail, et l'usage du tabac1. »
LGBT-quiz : lesquels sont les plus stressés2 ?
Les poussées d'adrénaline
Le mécanisme qui lie le stress et les envies de fumer est compréhensible.
Sous l'action du stress notre corps libère dans le sang de l'adrénaline (entre autres hormones), qui libère à son tour du sucre dans le système sanguin sous forme de glucose : plein d'énergie, l'organisme est ainsi prêt à lutter ou à fuir la cause du stress.
Mais le sucre − nous l'avons compris au chapitre précédent − exacerbe les envies de fumer !
(Voir le chapitre relatif à l'alimentation : Comment arrêter de fumer : L'alimentation : Petite histoire du sucre.)
Cette explication suffit à comprendre que le stress est un élément de plus qui entretient le tabagisme.
(Ce point sera rappelé au chapitre : Comment arrêter de fumer : Une hygiène de vie saine : Une bonne alimentation.)
(Sans compter que le stress fournit aussi un subterfuge pour continuer de fumer, ainsi qu'on peut le vérifier au chapitre : Comment arrêter de fumer : Les mauvaises excuses : « C'est à cause du stress , fumer me détend, ça me calme ».)
Quels stress ?
Dans le langage courant, il n'y a pas de stress positif. Le stress, c'est quand ça ne va pas. Jamais personne ne dit : « je vais à merveille, je suis stressé ! »
Les recherches entreprises dans ce domaine sont donc incomplètes.
Nous discernerons néanmoins deux grandes familles de stress : les stress de courte durée mais qui ont un impact violent et profond, et le stress du quotidien, plus ou moins agressif.
Bien entendu dès qu'un stress issu du quotidien atteint une intensité particulièrement importante ou dangereuse pour la santé, il est à considérer comme un stress violent.
Stress occasionnels mais violents
L'échelle de T. H. Holmes et R. Rahe, datant de 1967 (citée par J. B. Stora3) établit une liste de quarante trois situations familiales, personnelles et professionnelles, classées des plus stressantes aux moins stressantes. En tête on trouve : Le décès du conjoint (indice de stress = 100), puis le divorce (73), la séparation conjugale (65), l'emprisonnement (63), le décès d'un proche (63), la maladie ou l'accident personnel grave (53), le mariage (50), le licenciement professionnel (47), la reprise de vie commune (45), la mise à la retraite (45), le changement grave dans la santé d'un proche (44), la grossesse (40), les difficultés sexuelles (39), l'arrivée d'un nouveau membre dans la famille (39), la réadaptation professionnelle importante (39), le changement financier important (38), le décès d'un ami intime (37), le changement de travail (36), etc.
La liste ne présente ensuite plus que des changements mineurs de la vie quotidienne, dont l'avant-dernier est Noël (indice de stress = 12), et le dernier l'infraction bénigne à la loi (contravention par exemple, indice = 11).
Cette liste nous instruit sur un point : tout changement dans la vie d'un individu (y compris les vacances) est source de stress ! − et peut donc inciter à fumer...
Le stress au quotidien
Au jour le jour l'humanité consacre la majeure partie de son temps au travail, source de stress considérable. C'est ainsi qu' « une étude indique une forte relation entre la quantité de travail excessive et la consommation de cigarettes élevé4. »
Ce qui vaut pour les fumeurs vaut bien entendu pour les ex-fumeurs. (Un rappel est donc fait au chapitre qui liste quelques-uns des pièges à rechute qui attendent les fumeurs sevrés : Comment arrêter de fumer : Les pièges de la rechute : Le travail.)
On distinguera pour le moins six sources de stress professionnels :
le stress dû au travail proprement dit (suivant qu'il est pénible, bruyant, toxique, incommodant, isolant, ennuyeux, dangereux, excessif, insuffisant, répétitif, de nuit, peu motivant) ;
le stress dû aux relations de travail (avec les collègues, les supérieurs, les subordonnés, les clients) ;
le stress dû à la place du travailleur dans l'entreprise (selon que l'on est subalterne, responsable, jeune, vieux, femme) ;
le stress dû au développement de carrière (l'insécurité de l'emploi, des rémunérations ; l'évolution du statut, des techniques, des promotions ; l'approche de la retraite ; l'esprit de compétition) ;
le stress dû à l'optique de l'entreprise (règlements intérieurs ; décisions unilatérales, autoritaires, irrationnelles ou doctrinales ; culture d'entreprise, défauts de communication, méconnaissance des compétences, sous-équipement, cadre de vie) ;
le stress dû à l'incidence du travail sur la vie de famille et vis versa (difficultés financières ou familiales, mobilité professionnelle, manque de temps, solitude, exigences familiales et professionnelles contradictoires, sacrifice d'un des époux).
En dehors du travail la vie quotidienne nous réserve encore de multiples sources de stress. Entre autres : le mode de vie trépidant (l'urbanisation, la pollution, le bruit, les lumières vives, artificielles ou insuffisantes), les excitants (alcool, café, thé, tabac, etc.), les médicaments, les maladies, les difficultés financières ou relationnelles (solitude, ennui, conflits familiaux, de voisinage), les écarts culturels et les difficultés d'assimilation (pour les populations immigrées), etc.
La totale
Le stress au féminin
Une mention spécifique pour les femmes.
« On a constaté que dans certaines circonstances, par exemple dans des situations très stressantes ou face à des sentiments aussi négatifs que la colère, la frustration ou l'anxiété, les femmes fumaient davantage que les hommes. Les femmes stressées ont aussi davantage tendance à poursuivre une première expérience tabagique5. »
Cette constatation n'est pas étonnante si l'on considère que les femmes sont soumises à deux grandes catégories supplémentaires de stress. L'une est liée à leur identité biologique, l'autre à leur exercice professionnel.
En effet ce que ne ressentent pas les hommes mais que subissent les femmes, ce sont : les tensions prémenstruelles (douleurs, irritabilité, maux de tête, insomnies), les grossesses et leur cortège d'inquiétudes, les avortements, les dépressions post-natales et de la ménopause, l'angoisse du vieillissement (perte de situation, âge limite pour enfanter), la frigidité, l'anorgasmie, la stérilité...
Autant de troubles inscrits dans le corps même de la femme, auxquels s'ajoutent les tensions induites par la vie professionnelle, « associées directement aux préjugés et à la discrimination sexuelle6 » : rôles stéréotypés ou de femme-alibi, niveaux hiérarchiques inférieurs aux hommes, bas salaires, interruptions de grossesse mal admises, moins de formation que les hommes, mais exigence de performances plus élevées, relations de travail malsaines avec certains hommes, harcèlements sexuels, promotions et carrières réduites, manque de soutien du mari, etc.
Ces discriminations frappent encore beaucoup les femmes-cadres, qui « sont aussi de "grands fumeurs"7. »
TEST 9
Mesurez votre stress
Test du GAD 78
Ce test de stress n'a pas vocation à faire un diagnostic approfondi, d'autres tests existent pour cela. Il ne mesure pas non plus l'état de dépression. Sa mission est d'aider le fumeur à agir dans le cadre d'un sevrage tabagique.
Mode d'emploi : pour passer le test, sélectionner les réponses adaptées puis appuyer sur le bouton "Stress ?".
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D'autres tests existent pile-poil maintenant sur Tobacostop aux pages suivantes :
TEST 1 − Images tabagiques : La seringue : Jaugez votre nicotine
TEST 2 − Images tabagiques : Les rides : Constatez votre âge réel
TEST 3 − Images tabagiques : La skieuse : Imaginez vos économies
TEST 4 − Images tabagiques : La tasse : Soupesez vos goudrons
TEST 5 − Images tabagiques : L'amputée : Estimez votre dépendance
TEST 6 − Images tabagiques : La poubelle : Évaluez votre motivation
TEST 7 − Dangers du tabac : L'argent : Calculez vos coûts
TEST 8 − Dangers du tabac : Le risque : Découvrez votre durée de vie
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2 Opinionway : pour le Festival de la communication santé x Fondation Ramsay Générale de santé - Les Français et le stress, 24 novembre 2017. https://www.opinion-way.com
3 Jean Benjamin Stora : Le stress, Presses universitaires de France, collection Que sais-je ? 1991.
8 GAD 7 : A brief measure for assessing generalized anxiety disorder: The GAD-7, Spitzer, R. L., Kroenke, K., Williams, J. B. W. et Löwe, B., Archives of Internal Medicine, 166(10), 1092-1097, année 2006.