02.II
Le déconditionnement
De multiples influences conditionnent le fumeur.
Du plaisir que l'on éprouve à fumer, qui n'est en fait que le soulagement du manque dû à la cigarette précédente, à l'influence de la société, des publicités, ou des forces psychiques qui nous inclinent à poursuivre ce que l'on a entrepris en toute liberté, tout n'est que duperie.
Mais des solutions existent.
Marto-quiz : laquelle de ces solutions devriez-vous choisir ?
▶ Arrêter ciné et télé ?
▶ Fuir tout fumeur ?
▶ Entrer dans les ordres ?
▶ Une formule magique ?
(Un rappel condensé de ces notions sera rédigé au chapitre : Comment arrêter de fumer : La préparation au jour J : Le conditionnement et au chapitre : Comment arrêter de fumer : Après le jour J : En cas d'envie.)
Prise de conscience
La première façon de combattre ces influences est d'en prendre pleinement conscience et de cesser de se leurrer. Ce site dévoile beaucoup de ces illusions mais c'est aussi au lecteur de faire l'effort de ne plus les entretenir.
Par exemple, dès l'instant qu'il est reconnu que la sexualité du fumeur est amoindrie par le tabac, ce n'est pas tout de le savoir, il faut aussi cesser de considérer le cow-boy solitaire qui fume comme étant particulièrement viril. Ou encore, sachant que le tabac enlaidit il ne faudrait plus considérer qu'une femme qui fume est sexy, mais qu'elle a les dents jaunies et l'haleine repoussante... Et quand on ne pourra plus ignorer les effets désastreux du tabac sur la santé il s'agira de ne plus faire concorder tabac avec aventure, mais avec lit d'hôpital !
L'autosuggestion
Nous subissons tellement d'influences qu'il est difficile de faire taire toutes les pulsions qui en résultent. C'est pourquoi la seconde façon de se mesurer à elles est de contre-attaquer avec une arme secrète : l'autosuggestion.
− qu'est-ce que c'est ?
« L'autosuggestion est l'action de faire naître une pensée dans son cerveau et de l'y maintenir d'une manière habituelle1. » L'autosuggestion agit sur notre esprit, et pas sur celui des autres ni sur la matière. Elle permet de faire germer en soi des qualités, surtout émotives, mais aussi intellectuelles.
Son principe consiste à se répéter avec conviction une phrase soigneusement conçue, jusqu'à ce qu'elle pénètre petit à petit − de quelques semaines à quelques mois − dans la partie de notre cerveau qui est inconsciente. Notre inconscient, une fois bien pénétré de cette qualité, la fait mûrir en nous et, par retour des choses, agit sur nous. Le principe est donc de s'imprégner d'une idée jusqu'à ce qu'elle agisse sur soi. Et le pouvoir d'une idée encrée au plus profond de son cerveau est bien supérieur à celui d'une idée qu'on se contente de penser.
Comment faire ? Il faut se répéter une phrase tous les jours, plus particulièrement juste avant de s'endormir, moment où l'inconscient est le plus réceptif. Dans notre cas on la répétera en plus à chaque envie de fumer.
L'autosuggestion ne date pas d'hier. Effectivement nos ancêtres il y a quelques milliers d'années l'avaient déjà mise en usage... par la prière ! La prière consiste bien à se répéter les mêmes paroles tous les jours jusqu'à ce qu'on soit en conformité avec elles.
Mais les prières sont-elles toujours bien conçues ? En effet l'inconscient, comme le démontre Freud2, est au moins aussi sensible aux mots − et à leurs sons − qu'aux idées. C'est pourquoi il faut éviter les tournures négatives et les mots (et les maux) dont on veut être débarrassé.
Se garder donc de penser : « je vais arrêter de fumer. » L'inconscient entendra surtout « arrêter » et « fumer » sans nécessairement mettre les deux mots en rapport l'un avec l'autre. De plus « arrêter » n'est pas très positif d'un point de vue psychologique : ce mot a plus une connotation d'échec que de succès. Et à force de le répéter le mot « fumer » va pénétrer dans le cerveau au lieu de le quitter...
Comme il n'existe pas de mot qui signifie le contraire de fumer, nous proposerons une phrase, qui signifie le contraire de fumer. L'impact sera sans doute moins rapide qu'un mot mais la suggestion ne comportera pas de défaut majeur.
La voici :
« J'ai choisi de mener une nouvelle vie à l'air pur, pleine de santé, de force et d'air frais. »
Cette "formule magique" est à répéter à chaque envie de fumer (à voix haute ou mentalement) et tous les soirs juste avant de sombrer dans le sommeil, sans faire de rabâchage, mais en s'imaginant en même temps une personne libre, qui respire à pleins poumons de l'air pur et qui frissonne d'énergie et de santé. En un mot, croire en ce que l'on dit.
Une telle phrase éveille à coup sûr l'idée d'une toute autre vie − de quoi rassurer ceux qui craignent de perdre leur confort. (Adieu va, la dérobade enregistrée au chapitre : Les mauvaises excuses : « Si j'arrête, plus rien ne me semblera comme avant ».)
Dans cette phrase le cerveau assimile : « choix », « nouvelle vie », « air pur », « santé », « force », « air frais ». À notre humble avis l'opposé du tabac.
(Une citation de Bernard Clavel aurait aussi pu faire l'affaire, n'eût-elle contenu le mot "fumer" qui est à chasser de l'esprit, citation retranscrite au feuillet : Citations illustres : Bernard Clavel.)
Cette pratique millénaire d'oraison, rebaptisée scientifiquement « autosuggestion » par les temps qui courent, peut être mise à profit dès le premier jour d'arrêt.
(Fabienne G., une de nos lectrice attentive, observe avec gentillesse que Tobacostop évoque beaucoup les méfaits du tabac, peu les « bénéfices à arrêter », au cahier : Témoignages et commentaires de nos lecteurs : Fabienne G. Tobacostop pense que la phrase magique est de nature à réparer cette lacune.)
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1 W.R. Borg : Mes 20 leçons de culture psychique, Édouard Aubanel éditeur, 1er janvier 1930.
2 Sigmund Freud : Psychopathologie de la vie quotidienne, les éditions Payot, 1901.