La nicotine tient son nom de Jean Nicot qui, vers 1559, a popularisé l'usage du tabac en France. Suspectée par le savant français Nicolas Vauquelin en 1809, elle n'a vraiment été isolée à l'état pur que par W. Posselt et L. Peinwann en 1823. Sa formule brute est C10H14N2. C'est une drogue... et elle est le premier artisan du besoin de fumer.
Tome-quiz : qui a écrit le roman policier Drame en trois actes, au cours duquel trois personnes sont empoisonnées à la nicotine ?
Agatha Christie
D'abord, unpeudethéorie...
Son aspect
« C'est un liquide jaune pâle à brun foncé qui sent le poisson une fois chauffé, de saveur brûlante et âcre1. » Il est présent dans le tabac des cigarettes en proportion de 0,09 mg (anciennes Royale ultra légère) à 2,95 mg (anciennes Boyard maïs) par cigarette, avec une moyenne de 1,16 mg environ. Ce liquide contient un alcaloïde, qui est une substance organique d'origine végétale.
(Apprécier en outre l'article : Dangers du tabac : Les composants chimiques de la fumée de cigarette : La nicotine.)
Fortement soluble dans l'eau la nicotine passe rapidement dans la salive puis, par les alvéoles pulmonaires, dans le sang. Jusqu'à vingt pour cent de la nicotine peut passer dans le sang à travers les muqueuses de la bouche : il n'est donc pas innocent de fumer sans avaler la fumée. Cela explique également qu'autrefois la préférence allait à la chique, ce morceau de tabac que l'on mâche : avec la chique pas de déperdition de nicotine dans l'atmosphère...
Puis :
il ne faut que sept secondes à la nicotine pour parvenir au cerveau (l'héroïne en met quatorze) ;
la nicotine qui est dans le sang est rapidement éliminée par la sueur et l'urine, et est métabolisée par le foie.
Les alcaloïdes comme la nicotine, mais aussi comme le chocolat et la caféine, viennent se loger dans la myéline qui est une substance graisseuse qui entoure l'axone des cellules cérébrales. De là, la nicotine excite d'abord les cellules nerveuses. Puis cette excitation est suivie environ vingt minutes plus tard d'une dépression, d'une paralysie de la cellule : l'influx nerveux ne passe plus librement...
Tout ce qui est chique, n'est pas toujours bon genre...
El Tabaco − gravure de 1571
La première conséquence
Elle tient à la baisse rapide du taux de nicotine dans le sang : il ne faut que quelques secondes pour que la nicotine parvienne dans le sang et une demi-heure plus tard son taux a déjà baissé de moitié. Cette baisse rapide, associée à la paralysie des cellules cérébrales qui survient en même temps, crée le besoin de solliciter à nouveau les cellules nerveuses pour les déparalyser. Ce besoin est une sensation d'inconfort et d'irritabilité. Et les besoins, lorsqu'ils sont soulagés, procurent de la satisfaction...
La cigarette crée donc le besoin de cigarette et de ce cercle vicieux naît la dépendance. Ainsi que le résume une brochure : « cet état de dépendance se traduit par une pulsion à prendre la substance en question de façon périodique, afin de retrouver ses effets et d'éviter le malaise de frustration3. »
Au fil du temps l'action de la nicotine sur les neurones affaiblit la volonté et renforce d'autant la dépendance.
(Pour le lecteur qui souhaite connaître son niveau de dépendance à la nicotine, un test computationnel présente une approche à la page : Images tabagiques : L'amputée : test 5 − Évaluez votre dépendance. La réponse apportée par ce test est complétée d'un guide de lecture du site Tobacostop en fonction du degré de dépendance.)
La seconde conséquence
Elle découle de ce que la nicotine stockée dans les graisses ne se libère que très lentement. Or la myéline des cellules nerveuses est un tissu graisseux. La désintoxication cérébrale est donc très lente et il semblerait même que les cellules nerveuses gardent trace de cette intoxication toute leur vie. En effet le moindre apport de nicotine réveille aussitôt chez l'ancien fumeur ses vieilles habitudes, et même après des années d'abstinence il se remet souvent à fumer comme auparavant en quelques jours. D'où la sacro-sainte règle du fumeur : arrêter à cent pour cent et ne plus jamais avaler une seule bouffée de cigarette de toute sa vie !
Par la dépendance psychique qu'elle procure la nicotine est donc la drogue de la cigarette.
Mais son élimination rapide hors du circuit sanguin laisse entrevoir quelques solutions...
il ne faut que sept secondes à la nicotine pour parvenir au cerveau (l'héroïne en met quatorze) ;
